
Franchise Brioche Dorée : ce que ça change vraiment pour les salariés. Conditions, droits, avenir social : la CFDT vous explique.
Derrière la façade familière des restaurants Brioche Dorée, un changement profond est en cours. La direction affirme vouloir développer le modèle de la franchise, sans que cela soit visible pour les clients. Mais pour les salariés, cette évolution est tout sauf anodine.
La franchise, qui transforme le statut juridique du restaurant, modifie aussi le lien d’emploi. Ce n’est plus Brioche Dorée qui vous emploie, mais une entreprise tierce, avec ses propres règles, ses pratiques RH, et parfois une toute autre conception du travail.
Cette mutation s’inscrit dans une stratégie plus large : celle d’une transformation accélérée du réseau, confirmée par les orientations stratégiques 2025-2029. Le groupe assume sa volonté de réduire les succursales et de s’appuyer davantage sur les franchisés. Ce choix, présenté comme une réponse à la crise, soulève pourtant de lourdes conséquences sociales.
À travers cet article, la CFDT Brioche Dorée vous propose un éclairage complet sur les véritables effets de ce modèle. Qu’est-ce que la franchise change vraiment pour les salariés ? Quels sont les risques, les pertes de droits, les flous juridiques ? Et comment s’en protéger ?
1. Franchise Brioche Dorée : une stratégie affichée, une réalité contrastée
Le modèle de la franchise repose sur un principe simple : une entreprise indépendante (le franchisé) exploite un restaurant sous l’enseigne Brioche Dorée, en échange de droits d’entrée et de redevances. Le franchiseur, ici Brioche Dorée, fournit le nom, le concept, le savoir-faire. Mais ce n’est plus lui l’employeur.
Le franchisé devient le patron. C’est lui qui :
- paie les salaires,
- décide des plannings,
- gère la politique RH.
Le contrat de travail du salarié est transféré, mais tout ce qui relève des usages, des accords d’entreprise ou des avantages internes peut être revu, voire supprimé.
Ce modèle permet au groupe de :
- réduire ses charges,
- limiter les risques économiques,
- se désengager progressivement des restaurants jugés moins rentables.
La direction affirme aujourd’hui que la franchise est au cœur de sa stratégie de transformation. Toutefois, l’analyse des mouvements de ces dernières années montre une réalité plus nuancée : si certaines transformations ont effectivement eu lieu, elles restent peu nombreuses au regard des objectifs affichés. À cela s’ajoutent des cas où des restaurants initialement confiés en location de gérance ont été réintégrés dans le giron direct de l’entreprise, remettant en question la pérennité de certains de ces transferts.
Résultat : un réseau à deux vitesses s’installe. D’un côté, les succursales, encore encadrées par les accords collectifs et la représentation syndicale. De l’autre, les franchises ou les restaurants en gérance, où les règles peuvent diverger, parfois fortement. Ces disparités suscitent des interrogations légitimes sur la capacité à maintenir une cohérence sociale d’ensemble au sein de l’enseigne.
2. Quand un restaurant change de statut : information, calendrier et réalités terrain
Conformément à la réglementation, l’employeur notifie au CSE tout projet de franchisation d’un restaurant, et informe par la suite les salariés concernés. Toutefois, la CFDT reste vigilante quant à la qualité et au calendrier effectif de cette information. Les salariés apprennent parfois par une simple note ou une réunion express que leur employeur change, sans avoir été consultés, ni préparés.
Pourtant, un tel changement est lourd de conséquences. Il s’agit d’un transfert d’entreprise au sens juridique, avec :
- un nouvel employeur,
- de nouvelles règles,
- un avenir incertain.
Le contrat est repris, certes, mais tout ce qui l’entourait — avantages sociaux, dialogue social, stabilité — peut basculer du jour au lendemain.
Conformément au Code du travail, tout projet de transformation juridique d’un établissement, y compris son passage en franchise, doit faire l’objet d’une information et d’une consultation du CSE. La CFDT reste cependant attentive à ce que cette obligation soit mise en œuvre de manière claire, compréhensible et utile aux salarié·es, en amont de toute décision opérationnelle.
Des retours du terrain ont mis en évidence des cas où les salariés ont exprimé un manque de lisibilité sur le devenir de leur site ou des incertitudes sur le calendrier de transition. Dans un contexte de transformation plus large du réseau, cette imprécision peut renforcer un sentiment d’instabilité ou de désinformation. La CFDT considère qu’une communication transparente et anticipée est essentielle pour garantir un climat de travail serein et maintenir la confiance des équipes.
3. Salariés transférés ou remplacés : quelles conséquences ?
Quand un restaurant Brioche Dorée passe en franchise, ce n’est pas qu’un changement de modèle économique. C’est un changement d’employeur. Et derrière ce transfert, c’est toute une série de protections sociales qui peuvent basculer, parfois sans que les salariés en mesurent immédiatement les effets.
Conformément à l’article L.1224-1 du Code du travail, le contrat de travail est maintenu en l’état : poste, salaire, ancienneté. Mais cette continuité est trompeuse. Car tout ce qui ne figure pas explicitement dans le contrat — primes d’usage, organisation du travail, avantages liés à l’entreprise — devient incertain.
Le franchisé, nouvel employeur, peut :
- appliquer une convention collective différente,
- réorganiser les plannings,
- proposer une autre mutuelle,
- supprimer certaines primes.
Le socle collectif que les salarié·es connaissaient jusqu’alors peut disparaître du jour au lendemain.
Autre conséquence majeure : la perte du lien avec l’UES Brioche Dorée. Un salarié franchisé n’est plus représenté par le CSE central, ne bénéficie plus des prestations sociales du comité, ni des accords négociés collectivement. Il se retrouve dans une structure indépendante, souvent sans représentant du personnel, sans syndicat, parfois sans espace d’expression.
Si certains franchisés peuvent faire preuve de respect et de dialogue, d’autres gèrent leur affaire comme une PME isolée, focalisée sur la rentabilité immédiate. Résultat : les pratiques varient fortement d’un restaurant à l’autre.
Deux salariés, à poste égal, peuvent se retrouver avec :
- des salaires différents,
- des horaires imposés,
- des politiques RH opposées,
- une reconnaissance inexistante.
La CFDT Brioche Dorée observe que certains transferts ont eu pour conséquence une moindre continuité des engagements sociaux antérieurs, et une rupture dans les mécanismes de représentation. Ces effets interrogent sur l’évolution du dialogue social dans le groupe, en particulier lorsqu’aucune mesure d’accompagnement n’est mise en place pour les salarié·es concernés.
Au final, la franchise modifie en profondeur le rapport au travail. Elle fragilise la capacité des salarié·es à défendre leurs droits, à être entendus, à faire valoir collectivement leurs revendications.
4. Conditions de travail et protections sociales : ce qui vacille en franchise
Le passage d’un restaurant en franchise ne bouleverse pas seulement la fiche de paie ou le nom de l’employeur. Il modifie les conditions concrètes dans lesquelles les salarié·es exercent leur métier. Et bien souvent, il les isole des protections collectives qui faisaient jusqu’alors partie du quotidien professionnel.
Là où le groupe Brioche Dorée s’efforçait — même imparfaitement — de maintenir une certaine homogénéité sociale à travers ses accords d’entreprise, la franchise introduit une logique locale, variable, et parfois brutale.
Ce que peut changer un passage en franchise :
- Amplitudes horaires élargies,
- Plannings instables,
- Objectifs de performance plus stricts,
- Tâches supplémentaires sans reconnaissance,
- Disparition des œuvres sociales du CSE,
- Perte d’accès aux primes d’ancienneté ou à l’intéressement.
Certains franchisés, en quête de rentabilité rapide, n’hésitent pas à ajuster les objectifs ou à multiplier les tâches sans adaptation des moyens. Résultat : fatigue physique accrue, stress, risques psychosociaux en hausse.
La CFDT considère que cette transformation ne peut être laissée à la seule appréciation des franchisés. Si Brioche Dorée veut défendre son image d’enseigne responsable, elle doit aussi garantir un socle social commun à l’ensemble de son réseau — franchisé ou non. Car derrière la marque, ce sont toujours les mêmes salariés qui font vivre l’entreprise.
CFDT Brioche Dorée : une vigilance syndicale plus que jamais nécessaire
Derrière la transformation du réseau Brioche Dorée en franchise, il y a bien plus qu’un choix économique. Il y a un changement de paradigme social. Ce modèle, présenté comme plus agile et plus rentable, redessine en profondeur le rapport des salariés à leur travail, à leurs droits et à leur entreprise.
Or, cette transformation se fait sans véritable débat, sans garanties collectives, et souvent sans consultation réelle des salariés concernés. Elle fragilise les protections sociales, isole les équipes, et multiplie les disparités d’un site à l’autre.
Face à cette réalité, le rôle du syndicat devient central. Pour :
- informer, car beaucoup découvrent les conséquences de la franchise une fois qu’il est trop tard ;
- alerter, quand des pratiques remettent en cause les droits fondamentaux ;
- organiser la défense collective, pour ne laisser aucun salarié isolé.
La CFDT Brioche Dorée appelle l’ensemble des salariés à la vigilance. Si votre restaurant change de statut, si des informations circulent sur une reprise, si des signaux d’alerte apparaissent, contactez vos représentants.
Nous continuerons à porter ces enjeux auprès de la direction, à demander des engagements clairs pour l’ensemble du réseau, franchisé ou non, et à construire des solutions collectives pour faire face aux risques que ce modèle génère.
Parce qu’une enseigne ne vaut rien sans celles et ceux qui la font vivre, nous resterons pleinement mobilisés pour défendre les droits des salarié·es de Brioche Dorée — qu’ils soient en succursale ou en franchise.
CFDT UES Brioche Dorée