
Salaires Brioche Dorée : pourquoi les minimas conventionnels pèsent plus que les NAO et quelles conséquences pour les salariés.
A la Brioche Dorée, la question des salaires est au cœur des préoccupations.
Dans les échanges entre collègues, lors des réunions du CSE ou pendant les négociations annuelles obligatoires (NAO), le même constat revient souvent : la progression des rémunérations repose surtout sur les minimas conventionnels fixés par la branche de la restauration rapide, bien plus que sur des décisions internes à l’entreprise.
Ce mécanisme joue son rôle de protection : il garantit que personne ne soit payé en dessous du seuil légal ou conventionnel. Chaque revalorisation du SMIC entraîne un ajustement des grilles, et donc une évolution automatique des salaires.
Mais il soulève aussi une question de fond : cette mécanique est-elle suffisante pour répondre aux attentes des salariés, notamment dans un contexte d’inflation et de hausse constante du coût de la vie ?
Pour beaucoup, la réponse est claire : les ajustements automatiques permettent de ne pas perdre trop de terrain, mais ils ne traduisent pas une véritable reconnaissance de l’expérience, de la polyvalence ou de la fidélité.
Quant aux NAO, censées compléter ce dispositif, elles apparaissent souvent limitées et décevantes, faute d’apporter un véritable plus au quotidien.
Cet article propose un éclairage objectif sur la situation :
- Comment fonctionnent les minimas conventionnels ?
- Quel est le rôle des NAO ?
- Quelles conséquences concrètes pour les salariés ?
- Quelles pistes peuvent être envisagées pour mieux reconnaître le travail de chacun ?
1- Les minimas conventionnels : un filet de sécurité indispensable
Dans la restauration rapide, les salaires ne dépendent pas uniquement de chaque entreprise. Ils sont encadrés par une convention collective nationale, qui fixe des grilles de rémunération selon différents niveaux et coefficients.
Chaque coefficient correspond à un poste ou un degré de responsabilité, et la grille définit le salaire minimum qui doit être respecté.
Ce système évolue régulièrement, notamment lorsque le SMIC est revalorisé.
Dès qu’un coefficient passe en dessous du salaire minimum légal, la branche professionnelle ajuste automatiquement les grilles.
C’est un mécanisme simple, mais essentiel : il garantit qu’aucun salarié ne soit rémunéré en dessous du plancher fixé par la loi ou par la convention collective.
Un impact direct pour les salariés de Brioche Dorée
Concrètement, les salariés voient leur salaire de base évoluer en suivant ces revalorisations collectives.
Chaque fiche de paie reflète d’abord l’impact de ces ajustements, qui s’imposent à toutes les entreprises du secteur, Brioche Dorée comprise.
Cela constitue un véritable filet de sécurité. Sans ces minimas, une grande partie des rémunérations resterait figée, même quand le coût de la vie augmente.
Grâce à ce cadre, chaque revalorisation du SMIC ou de la convention se traduit par une hausse automatique des salaires.
Des limites bien réelles
Mais ce mécanisme, aussi protecteur soit-il, a ses limites.
Il ne traduit pas une reconnaissance individuelle :
- il ne prend pas en compte l’ancienneté,
- il ne valorise pas la polyvalence,
- il ne récompense pas l’engagement quotidien des équipes.
En d’autres termes, la progression salariale liée aux minimas est vécue comme une obligation légale, pas comme une marque de reconnaissance.
Un salarié peut avoir dix ans d’ancienneté et être toujours aligné sur la grille, sans voir reflété dans sa fiche de paie le chemin parcouru.
C’est pourquoi les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) sont censées jouer un rôle complémentaire.
Elles devraient permettre d’aller au-delà de ces minimas, en reconnaissant l’investissement et les compétences.
Mais à la Brioche Dorée, leur impact reste souvent limité.
Voici la grille des salaires minimums actuellement en vigueur dans la restauration rapide :
Grille des salaires UES Brioche Dorée et le minimum conventionnel de la restauration rapide ( Septembre 2025)
NIVEAU | ECHELON | TAUX HORAIRE BRUT (€) (UES Brioche Dorée) | TAUX HORAIRE BRUT (€) (Le Minimum Conventionnel) |
---|---|---|---|
Niveau I | A | 11,88 € | 11,88 € |
B | 11,90 € | 11,90 € | |
Niveau II | A | 12,22 € | 12,22 € |
B | 12,45 € | 12,45 € | |
Niveau III | A | 12,82 € | 12,82 € |
B | 12,93 € | 12,93 € | |
C | 13,98 € | 13,98 € | |
Niveau IV | A | 15,01 € | 15,01 € |
B | 15,43 € | 15,43 € | |
C | 16,05 € | 16,05 € | |
D | 17,34 € | 17,34 € | |
Niveau V | A | 44 646 € | 44 646 € |
2- Les NAO à la Brioche Dorée : un levier encore limité
Chaque année, comme dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés, la Brioche Dorée organise des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO).
Ces discussions portent sur différents thèmes : les salaires bien sûr, mais aussi l’égalité professionnelle, l’organisation du temps de travail ou encore la qualité de vie au travail.
En théorie, les NAO sont un moment fort de dialogue social.
Elles devraient permettre d’aller au-delà des simples revalorisations légales, pour reconnaître l’engagement des équipes et répondre aux attentes concrètes des salariés.
Des attentes fortes
Pour les salariés, les NAO représentent un espoir : celui de voir leur rémunération progresser autrement que par les minimas conventionnels.
C’est aussi un moment symbolique : les équipes attendent des signaux clairs de reconnaissance et de valorisation de leur travail.
Des résultats souvent décevants
Dans la pratique, ces négociations n’apportent pas toujours les avancées espérées.
Les mesures proposées se limitent souvent à suivre le rythme imposé par la convention collective, sans réel coup de pouce supplémentaire.
Lors de la dernière NAO, par exemple, la CFDT a refusé de signer un projet d’accord jugé insuffisant : il ne prévoyait pas de véritable progression en dehors de ce qui était déjà garanti par la branche.
Ce type de situation renforce le sentiment que les NAO ne changent pas vraiment le quotidien des salariés.
Un potentiel encore sous-exploité
Pourtant, ces négociations pourraient être un véritable levier de reconnaissance.
Elles pourraient servir à :
- valoriser l’ancienneté, en reconnaissant la fidélité des salariés présents depuis plusieurs années,
- récompenser la polyvalence, pour celles et ceux qui assument plusieurs postes dans un même restaurant,
- prendre en compte les contraintes spécifiques du métier : horaires décalés, travail physique, week-ends et jours fériés.
Tant que ces dimensions ne sont pas intégrées pleinement aux discussions, les NAO resteront un levier sous-utilisé.
Les salariés continueront à constater que leur salaire évolue par obligation légale, mais rarement par choix de l’entreprise.
3- Conséquences concrètes pour les salariés
Derrière les mécanismes collectifs et les discussions syndicales, il y a une réalité simple : le contenu de la fiche de paie et son impact sur la vie quotidienne.
Le système actuel, basé principalement sur les minimas conventionnels, a des effets visibles qui reviennent souvent dans les échanges avec les salariés.
Un pouvoir d’achat sous pression
L’inflation des dernières années a touché de plein fouet les dépenses essentielles : logement, énergie, alimentation, transports.
Dans ce contexte, beaucoup ont l’impression de courir après les prix.
Chaque revalorisation liée à la convention est perçue comme une protection utile, mais rarement comme une véritable amélioration du niveau de vie.
Une reconnaissance limitée
Quand les augmentations proviennent surtout de la branche professionnelle, elles sont ressenties comme automatiques.
Elles ne reflètent pas directement l’expérience, la fidélité ou l’investissement personnel.
Ainsi, un salarié qui enchaîne les années ou qui assure plusieurs postes au quotidien ne voit pas toujours cette polyvalence récompensée.
Une reconnaissance qui s’érode avec le temps
Certains salariés avaient négocié, à leur embauche ou après plusieurs années, une rémunération supérieure au minimum conventionnel.
Mais au fil des revalorisations collectives, cet écart se réduit, parfois jusqu’à disparaître.
Ce qui devait représenter une valorisation individuelle finit par se transformer en simple alignement sur la grille, générant une frustration particulière.
Une difficulté à fidéliser et recruter
Le secteur de la restauration rapide souffre déjà d’un fort turnover.
Si les salaires stagnent au niveau du minimum conventionnel, l’entreprise perd en attractivité face à d’autres employeurs qui offrent ne serait-ce que quelques dizaines d’euros supplémentaires.
Résultat : effectifs réduits, charge de travail accrue pour ceux qui restent, et difficultés à stabiliser les équipes.
En résumé, le système actuel protège les salariés d’une stagnation totale, mais ne suffit pas à répondre à leurs attentes légitimes.
Les augmentations sont perçues comme un minimum vital, pas comme une reconnaissance du travail fourni.
4- Les revendications et propositions de la CFDT
Face à une situation où les salaires évoluent surtout grâce aux revalorisations imposées par la convention collective, les représentants du personnel estiment indispensable de renforcer la politique de rémunération à la Brioche Dorée.
L’objectif n’est pas seulement de suivre le minimum, mais d’offrir de vraies perspectives aux salariés qui s’engagent au quotidien dans des conditions parfois exigeantes.
Aller au-delà des minimas conventionnels
Les revalorisations imposées par la branche sont nécessaires, mais elles ne doivent pas être la seule source d’évolution.
Il faut obtenir de véritables augmentations internes, qui viennent s’ajouter aux minimas, afin de donner un signal clair de reconnaissance.
Valoriser l’expérience et la fidélité
Un salarié qui reste plusieurs années dans l’entreprise doit voir sa loyauté récompensée.
Aujourd’hui, trop d’anciens se retrouvent alignés sur les mêmes grilles que les nouveaux embauchés.
Mettre en place des paliers d’ancienneté visibles permettrait de fidéliser et de valoriser ceux qui s’inscrivent dans la durée.
Reconnaître la polyvalence
Dans beaucoup de restaurants, les salariés jonglent entre plusieurs postes : caisse, préparation, service, nettoyage.
Cette polyvalence est précieuse pour l’entreprise, mais rarement reconnue financièrement.
Accorder une prime de polyvalence ou intégrer cette dimension dans la grille salariale renforcerait l’équité.
Donner un vrai rôle aux NAO
Les négociations annuelles obligatoires doivent redevenir un moment fort, attendu et constructif.
Elles devraient permettre de discuter de mesures concrètes et de progrès visibles, et non se limiter à valider ce qui est déjà garanti par la branche.
Cela donnerait du sens à ce rendez-vous et renforcerait la confiance des salariés dans le dialogue social.
Une politique gagnant-gagnant
Améliorer la politique salariale n’est pas seulement une revendication syndicale : c’est aussi un levier de stabilité pour l’entreprise.
En fidélisant les équipes et en limitant le turnover, la Brioche Dorée gagnerait en attractivité et en efficacité.
Reconnaître le travail fourni, c’est investir dans la qualité de service et dans la pérennité de l’entreprise.
Les salaires à la Brioche Dorée suivent aujourd’hui un mécanisme bien défini : les minimas conventionnels et le SMIC garantissent que personne ne soit payé en dessous d’un seuil légal.
Ce système protège, mais il a ses limites : il ne reflète ni l’ancienneté, ni la polyvalence, ni la fidélité des équipes.
Pour beaucoup de salariés, les augmentations apparaissent comme automatiques, sans lien direct avec leur investissement quotidien.
Ce sentiment est renforcé par le fait que les NAO, censées jouer un rôle complémentaire, restent souvent limitées et décevantes.
Résultat : une progression vécue comme un simple alignement collectif, et non comme une véritable reconnaissance individuelle.
Or, la rémunération n’est pas seulement une question de chiffres.
Elle est aussi un levier de motivation, de fidélisation et d’attractivité.
Quand les salaires stagnent au niveau du minimum conventionnel, l’entreprise prend le risque de voir ses équipes se démotiver, ou de peiner à recruter de nouveaux collaborateurs.
Pour les représentants du personnel, il est donc essentiel de donner un nouveau souffle à la politique salariale.
Cela passe par trois priorités : aller au-delà des minimas, valoriser l’expérience et la polyvalence, et redonner tout son sens aux NAO.
CFDT UES Brioche Dorée